Diagnostic socio-économique de la flottille
A partir des données de production (données fournies par les OPs) et économiques (DCF, INSEE), la cellule mer a produit un diagnostic socio-économique de la flottille chalutière méditerranéenne française.
Le chalutier moyen méditerranéen embarque à son bord 4.3 équivalents temps plein (ETP), il mesure 22.72m et son âge moyen est de 27 ans. Les principaux postes de dépenses d’un chalutier correspondent au carburant (39%), aux salaires et charges sociales (31%) et aux coûts fixes d’exploitation (16%). L’EBE d’un chalutier moyen est de 73.000 € environ. L’activité chalutière en Méditerranée française génère un chiffre d’affaires de 96 millions d’€, soit une richesse créée de 37.3 millions d’€, qui se réparti entre les 3 branches à hauteur de 49% pour les armements, 25% pour la distribution et 26% pour les fournisseurs de biens et services. En termes d’emplois, on estime le nombre d’ETP financés par la flottille à 750 emplois en mer et à terre. Le PIB par emploi est estimé à 89.4 K€, ce qui révèle une activité dont le poids économique n’est pas négligeable et structurant pour le territoire.
Impact de la réduction du nombre de jours de mer pour l’ensemble de la filière – seuil limite de jours de mer
Dans un premier temps la cellule mer a quantifié la perte de chiffre d’affaires (CA) liée aux 3 scénarios de réduction de l’effort de pêche. Il apparait que les pertes de CA des armements et du salaire moyen seraient proportionnelles (en %) à la réduction des jours de mer. La richesse créée et l’EBE baisseraient relativement plus. Au total, une diminution de 9% des jours octroyés aux chalutiers entraînerait des pertes de l’ordre du 3.3 millions d’€ pour les 3 branches étudiées.
Grâce à l’estimation du montant moyen des annuités d’emprunts de la flottille, la cellule mer a ensuite déterminé sous quel seuil de jours de mer la flottille ne pourrait plus faire face à ses engagements financiers. Les résultats montrent qu’à 199 jours de mer, la situation d’un armement moyen est favorable, l’entreprise fait face à ses engagements financiers et génère des réserves. A 177 jours, la situation est équilibrée mais risquée. A 155 jours, le chiffre d’affaires ne permet plus de compenser les frais inhérents à la gestion de l’armement et les crédits.
L’analyse confirme qu’une réduction trop importante du plafond de jours de mer pourrait avoir des répercussions économiques importantes pour les équipages et la filière. Pour assurer la pérennisation de l’activité, il ne faudrait pas que la réduction opérée conduise à un quota d’effort de pêche de moins de 177 jours par navire en moyenne. Par ailleurs, la fluctuation du prix du carburant est une variable importante à considérer. Une augmentation du prix du carburant conduirait à une sous-estimation des seuils de rentabilité. Pour rester rentable, les navires auraient besoin de travailler un nombre de jours plus important.
Etude d’alternatives de gestion
Les alternatives de gestion étudiées se sont limitées à la réduction du nombre de navires (correspondant à un plan de sortie de flotte) et à l’étude de la période où il semble le plus opportun « d’économiser » des jours de mer, parce que les prix moyens sont inférieurs à la moyenne annuelle par exemple. Ce second point pourrait permettre à la flottille de se positionner pour une période de repos biologique. Il apparait concernant la première alternative testée que l’impact d’une réduction du nombre de navires de 3 à 9% a globalement les mêmes effets négatifs que les scénarios de réduction d’effort de pêche en termes de CA et de richesse créée pour les 3 branches. Les emplois sont définitivement perdus mais le pouvoir d’achat des marins qui sont en activité peut rester inchangé. Pour ce qui est de l’étude de la saisonnalité des prix moyen, afin d’optimiser la consommation de ses jours de mer, il semblerait qu’il soit préférable de sortir en mer en août-septembre plutôt qu’en mars ou juin car les journées seraient « moins rentables » sur ces 2 mois.